L'emploi au cours du VI Plan

II est courant de souligner le caractère un peu artificiel du découpage en périodes de cinq années retenu dans les plans français : dans un pays où la planification est indicative, les cycles économiques se déroulent suivant leur logique propre et coïncident rarement avec les plans Ce décalage est particulièrement net pour la période couverte par le VI Plan; l'année 1975 marque sans doute le point bas du cycle qui avait commencé en 1968.Dès lors, une comparaison purement quantitative des prévisions inscrites dans le Plan pour 1975 et des réalisations n'a guère de sens : dire par exemple que l'emploi industriel sera sans doute à la fin 1975 ramené au même niveau que cinq années auparavant donne évidemment une idée incomplète de l'exécution du VI Plan.Il apparaît cependant de plus en plus clairement que la crise actuelle ne constitue pas une phase purement conjoncturelle; l'année 1975 est une année charnières située entre deux périodes dont les types de croissance seront probablement différents.L'objet de cet article (qui reprend un travail réalisé pour le Commissariat du Plan) est de faire le point sur la période écoulée.On regrettera que dans cette description,, les tannées 1970-1973 et 1974-1975 apparaissent souvent comme juxtaposées, sans que des liens précis soient établis entre elles ; la raison en est que pour l'essentiel la crise actuelle n'a pas ses origines dans le mode de fonctionnement du marché dur travail : en faire la genèse déborderait bien évidemment le cadre de cette étude.Mais s'interroger sur l'élévation tendancielle du chômage, estimer commentées créations d'emplois dans chacun des secteurs de l'économie ont été affectées parle retournement de 1974, ou encore vérifier la validité des hypothèses concernant l'évolution des taux d'activité, permet de mieux apprécier l'acuité des problèmes d'emploi actuels et futurs.Le développement continu de l'activité féminine, l'augmentation des ressources en main-d'œuvre, Ies difficultés,même en période de forte croissance, à résorber le chômage continuent de peser sur les choix à venir.Les objectifs fixés par le Vl Plan pour la période 1970-1975 constituent une référence précieuse.Certes, des facteurs non prévus sont venus les bouleverser et les rendre caducs.Il reste qu'ils étaient cohérents avec l'évolution du potentiel de main-d'œuvre dont l'économie pouvait disposer; l'écart par rapport aux prévisions donne la mesure de l'ampleur du rattrapage nécessaire, des traces que la situation actuelle risque de laisser à moyen terme.