Bussery, Henry, Incidence sur l'économie française d'une réduction durable de la main-d'œuvre immigrée, Economie et statistique , 8(76), 1976, pp. 37-45
Devant les difficultés économiques, les Pouvoirs publics ont pris en juillet 1974 des mesures d'arrêt temporaire de l'immigration en France.Au-delà de cette action conjoncturelle, on peut s'interroger sur la place qu'auront, à terme, les travailleurs étrangers dans l'économie française.En vue de répondre à cette question, une étude interministérielle a été engagée; elle: cherche à mesurer l'incidence à moyen terme: sur notre économie d'une réduction durable des entrées de travailleurs, réduction qui irait au-delà de ce qu'entraîne spontanément le ralentissement de la croissance et se maintiendrait même après la reprise de l'expansion.Dans le cadre de cette étude, un « scénario » a été examiné, dans lequel la population active étrangère serait réduite de 250 000 personnes en cinq ans, soit environ 1/6 de ses effectifs actuels.Afin d'orienter la quantification des hypothèses, on a recueilli quelques informations qualitatives auprès de responsables et d'économistes de branches, puis on a « simulé » le scénario à l'aide du modèle physico-financier utilisé pour la préparation du VIIe Plan.Les résultats ont été comparés à ceux d'une évolution de référence dans laquelle le flux migratoire annuel net de travailleurs étrangers est nul.Cet exercice ne constitue pas une prévision, ni même une projection.Il fait apparaître que l'hypothèse très forte d'une réduction de 250 000 travailleurs immigrés en cinq ans aurait pour conséquences, par rapport à l'évolution de référence, un léger ralentissement de la croissance de la PIB et une certaine dégradation de1 notre balance commerciale, partiellement compensée par la réduction des transferts de salaires des immigrés à leurs familles restées dans leurs pays d'origine.