Quand les élèves jugent les collèges et les lycées

Citation
Choquet, Olivier et Héran, François, Quand les élèves jugent les collèges et les lycées, Economie et statistique , 22(293), 1996, pp. 107-124
Journal title
ISSN journal
03361454
Volume
22
Issue
293
Year of publication
1996
Pages
107 - 124
Database
ACNP
SICI code
Abstract
La grande majorité des élèves rejettent les images les plus négatives du collège ou du lycée telles que « galère », « tribunal », « usine », « gare de triage » ou « cirque ». Trois groupes se détachent, cependant, par la virulence de leurs critiques : les élèves de l'enseignement adapté ou des sections d'éducation spécialisée, ceux qui jugent leur propre niveau inférieur à celui de la classe, les enfants des familles originaires du Maghreb. Rares sont les jeunes qui se rattachent aux trois catégories à la fois, mais leur concentration dans certains quartiers ou certains établissements est susceptible d'alimenter çà et là des foyers d'opposition aux valeurs de l'école. Invités à justifier l'idée qu'ils se font de la réputation de leur collège, les élèves formulent des jugements qui couvrent trois domaines : la qualité des relations humaines au sein de l'établissement, la situation matérielle du collège, la concurrence entre établissements voisins. La tendance dominante est claire : si l'état des locaux laisse parfois à désirer, « l'ambiance est bonne » et « les profs sont sympas ». À côté de cette vision communautaire largement partagée, émerge une conception compétitive et individualiste du collège, qui se reflète dans le choix des mots : au lieu de dire « nous », ces nouveaux collégiens disent volontiers « je ». Cette minorité progresse en cours de scolarité, et les jugements des collégiens sur leur propre niveau et celui de l'établissement se font plus critiques. Au lycée comme au collège, parents et enfants révisent progressivement l'ensemble de leurs évaluations à la baisse. Montée du désenchantement ou progression normale du sens critique ?